Pas de paix sans éducation
Déclaration de Yasmine Sherif, Directrice générale d’Éducation sans délai, à l’occasion de la Journée internationale de la paix
21 septembre 2023, New York – La Journée internationale de la paix est une invitation collective claire à redoubler d’efforts en vue d’atteindre les objectifs de développement durable ainsi qu’à placer l’éducation au cœur de nos initiatives visant à établir la paix et la sécurité dans le monde.
Sans éducation, il est pratiquement impossible d’assurer l’établissement d’une paix juste et véritable, quel que soit le pays. Sans accès à des environnements d’apprentissage sûrs et protecteurs, la sécurité humaine ne peut être garantie. Sans enseignants qualifiés et sans éducation pour tous, nos vœux d’égalité sont vides de sens.
Cette année, nous nous trouvons à mi-chemin des promesses énoncées dans les objectifs de développement durable et célébrons les 75e anniversaires de la Déclaration universelle des droits de l’homme et de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.
Malgré ces engagements historiques pris il y a 75 ans, les conflits armés demeurent à ce jour une réelle menace pour de nombreuses personnes dans le monde.
En tout, environ 449 millions d’enfants dans le monde vivent dans une zone de conflit. Cela représente un enfant sur six. Est-ce vraiment le XXIe siècle que nous souhaitons graver dans les livres d’histoire de demain ?
En Afrique, 180 millions de filles et de garçons sont victimes des horreurs de la guerre, du recrutement forcé, de la dépossession et du déplacement forcé, des atteintes à leur dignité voire même à leur vie. La guerre au Soudan et la recrudescence des violences dans d’autres régions d’Afrique aggravent encore davantage la situation de millions d’enfants et d’adolescent.e.s d’âge scolaire.
En Asie, 152 millions de filles et de garçons vivent dans des zones de conflit. Les enfants et les jeunes rohingya qui ont fui la persécution, les violations des droits de la personne et présumés crimes contre l’humanité font aujourd’hui face à de nouveaux défis dans le plus grand camp de réfugiés du monde, à Cox’s Bazar.
En Amérique latine et dans les Caraïbes, 64 millions d’enfants sont pris au piège de la violence et de la brutalité : activités criminelles, conflits violents qui perdurent depuis plusieurs décennies, déplacements forcés et inégalités se conjuguent pour constituer un défi d’ampleur générationnelle.
Ces difficultés ne touchent toutefois pas que les pays du Sud ; le danger est en effet aujourd’hui aux portes de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Rien qu’en Ukraine, 5,7 millions d’enfants d’âge scolaire sont menacés par le brutal conflit armé qui embrase leur pays. Bien qu’ils n’en aient pas attisé le feu, ce sont pourtant leurs vies qui risquent d’être réduites en cendres.
Le fonds Éducation sans délai (Education Cannot Wait – ECW) et sa large coalition de partenaires stratégiques – organisations des Nations Unies, États Membres, société civile, secteur privé, et communautés locales affectées – travaillent sans relâche en première ligne de ces crises, afin d’offrir aux enfants et aux adolescent.e.s la sécurité et l’espoir que seule une éducation de qualité peut leur procurer.
Au Soudan ainsi que dans les pays voisins touchés par l’afflux des réfugiés qui fuient le conflit armé, 2 millions d’enfants déplacés en âge d’être scolarisés ont besoin d’une aide d’urgence. En multipliant les interventions rapides, nous permettons à des filles comme Samiya de retourner à l’école, d’apprendre et de retrouver la voie d’un avenir pacifique.
Au Cameroun, où l’éducation demeure la cible d’attaques, en particulier dans les régions telles que les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, nous travaillons avec nos partenaires en vue de créer des opportunités éducatives sûres pour des filles comme Hadiza.
En Haïti, un pays en proie aux gangs, à la violence, à la pauvreté et à la faim, nous veillons à ce que des enfants comme Darline bénéficient de repas nutritifs, d’un soutien psychosocial et en matière de santé mentale, ainsi que d’un large éventail de possibilités éducatives globales à l’appui de meilleures perspectives d’avenir.
Nous pouvons parvenir à des sociétés pacifiques de notre vivant, mais il nous faudra pour cela garantir la sécurité nationale et la sécurité humaine, de même que le respect des principes de justice et des droits de la personne. Pour obtenir une paix durable, nous devons en priorité garantir une éducation de qualité pour tous.
Fin du texte.